Soirée grand spectacle et « tiens prends-en plein les mirettes » avec ce nouvel opus de la franchise, suite du sympathique mais pas transcendant Jurassic World de 2015. Trois ans se sont écoulés depuis les événements du film d’avant. L’île du parc est laissée à l’abandon depuis que les dinosaures se sont libérés. L’éruption imminente d’un volcan menace ces espèces qui ont déjà disparu une fois de notre planète. L’ancien associé du regretté John Hammond de Jurassic Park souhaite sauver ces animaux en les déplaçant sur une île sanctuaire. Le vieil homme laisse l’organisation de tout cela au jeune loup aux dents longues qui dirige sa fondation riche à millions. En recrutant les héros rescapés Owen et Claire de l’opus précédent (ainsi que deux personnes travaillant avec Claire), le commanditaire compte bien récupérer un maximum d’espèces différentes. Oui mais voilà, il s’avère qu’il ne veut pas vraiment suivre les préceptes du vieux millionnaire (oh, surprise) ; motivé par l’appât du gain, il se retrouve à développer génétiquement de nouvelles espèces encore plus dangereuses. Et comme le dit si bien le professeur Malcolm que l’on retrouve dans ce film, ça va partir en sucette.
Ces films Jurassic World sont en même temps une suite et une forme de reboot des Jurassic Park pour la nouvelle génération. Si le nouveau parc est construit sur les ruines de l’ancien, si on fait plusieurs fois référence aux premiers films, si on retrouve par exemple le personnage de Malcolm, on a quand même une nouvelle série de longs-métrages pouvant être vus de manière indépendante. Et ces deux premiers films sont construits un peu comme les deux premiers Jurassic Park ; le premier film montre des gens pleins de bonnes intentions pris dans quelque chose qui leur échappe et les dépasse ; le deuxième film montre des gens aux mauvaises intentions qui tentent de reprendre le contrôle sur des bestioles lâchés en liberté (jusque dans les titres, Lost World et Fallen Kingdom). Difficile de ne pas faire le parallèle. En plus on a des petites références plus ou moins subtiles aux premiers films ; la vue dans le rétro avec le message inscrit dessus ; le verre d’eau devant Malcolm m’a fait penser au fameux verre qui tremble ; le T-rex est le même, reconnaissable à ses cicatrices sur la face ; etc. Et on a même une référence gag au premier Jurassic World avec le personnage de Claire dont la première chose que l’on voit sont ses talons aiguilles, avant de la voir débarquer sur l’île en boots, après que le web se soit moqué de l’avoir vue courir des heures dans la jungle en talons. Bref, des tas de petites allusions fort sympathiques.
Colin Trevorrow, réalisateur du premier film, a laissé sa place à Juan Antonio Bayona (à qui l’on doit entre autres le très sympathique Orphelinat et des épisodes de Penny Dreadful) ; il reste cependant très présent en tant que co-scénariste et producteur délégué (avec à ce poste aussi Spielberg). Bayona donne au film une touche nettement plus sombre, plus violente. On a des vraies scènes de suspens, des moments très tendus, où l’on sent la patte du réalisateur. Il a donné un côté plus adulte à la franchise, même si ça reste du divertissement grand public (d’ailleurs si l’âge légal ici reste 12 ans, l’âge suggéré est passé à 14 pour la première fois de toute la saga). Le réalisateur réussit à monter des scènes joliment épiques et quelques plans réellement bien impressionnants (à travers la vitrine, sur le toit, face au lion,…) Il dirige son blockbuster à très grand spectacle avec une belle maîtrise. Et même si on n’est guère surpris par le scénario dont les « twists » sont aussi subtils qu’une excavatrice Bagger dans un magasin de porcelaine, on a droit à un film prenant de par sa mise en scène. Malgré des éléments énormes et des effets spéciaux dantesques (on a des dinosaures et une éruption volcanique), l’humain et les personnages restent au centre du truc. L’émotion est au rendez-vous et on s’attache assez bien aux héros (en particulier la petite Maisie, touchante).
Devant la caméra, on retrouve les deux héros du précédent film. Chris Pratt (Les Gardiens de la Galaxie, Infinity War,…) joue toujours de son côté beau gosse avec un rôle de mauvais garçon attachant et finalement gentil ; et il s’en sort pas mal du tout. A ses côtés on retrouve Bryce Dallas Howard (Spider-Man 3, Peter et Elliott le dragon,…) dont le personnage a évolué pour devenir une défenseure absolue des dinosaures ; elle s’en sort bien aussi. J’ai beaucoup apprécié la prestation de la petite Isabella Sermon. Sinon on a aussi droit à Rafe Spall (Shaun of the Dead, Hot Fuzz, Prometheus, The World’s End,…), Ted Levine (Le Silence des agneaux, Heat, La Colline a des yeux, Shutter Island,…), Toby Jones (The Mist, Captain America, Hunger Games, The Snowman, Atomic Blonde,…), James Cromwell (I, Robot, Spider-Man 3,…), Justice Smith, Daniella Pineda, B.D. Wong (Jurassic Park, Oz, Law and order, Gotham, Mr Robot, …) ou encore Geraldine Chaplin (déjà dans L’Orphelinat). Un joli casting qui donne de bons résultats.
Bon, on n’a pas un scenario qui casse des briques. La fin ouvre clairement la voie au 3eme film de la trilogie prévue, justifiant le mot « World » dans le titre. On a des grands moyens de gros blockbuster. Mais qu’est-ce que ça claque! Visuellement ça en jette et l’ambiance et vraiment au rendez-vous. Le film a certes ses défauts, avec son lot d’incohérences et de trous scénaristiques, mais ils s’effacent devant le grand spectacle ; ça vaut la peine de le voir sur grand écran du coup.
Je trouve que « Jurassic World : Fallen Kingdom » est une suite qui nous explique vraiment beaucoup de choses. J’espère de tout cœur qu’il y aura un sixième volet de « Jurassic World »