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Quand le gouvernement commence à comprendre le web

Pour une fois que nos autorités ne sortent pas une connerie énorme au sujet du web, il est de bon ton de le signaler. Parce qu’on en a vu récemment des énormités. Utilisation de logiciels espions, volonté de rendre les FAI responsables et d’en faire une police du net, participation à l’ACTA, etc. Autant de points sur lesquels nos dirigeants ont montré leur manque de compréhension du monde de l’internet. Mais là, bravo. En réponse à un postulat du Conseil des Etats demandant de se pencher sur la législation protégeant le droit d’auteur, le Conseil Fédéral a répondu qu’il ne servait juste à rien de légiférer, que le droit actuel convenait. Le plus intéressant sans l’histoire, ce sont les arguments mis en avant :

« Le rapport brosse un tableau de la situation actuelle. Les enquêtes existantes permettent de conclure que jusqu’à un tiers des plus de 15 ans en Suisse téléchargent gratuitement de la musique, des films et des jeux. Il semble également que la majorité des internautes ne sait pas quelles offres sont légales et lesquelles ne le sont pas malgré les nombreux articles parus dans les médias et les campagnes d’information.

La part du revenu disponible dépensée par les consommateurs et consommatrices dans ce domaine reste stable. On observe cependant des transferts au sein de ce budget. Ainsi, les utilisateurs et utilisatrices de sites de partage continuent d’investir dans le secteur du divertissement les économies qu’ils réalisent en téléchargeant des contenus sur Internet, mais au lieu d’acheter des CD et des DVD, ils s’offrent des billets de concert et de cinéma et des produits de merchandising.

Ce sont surtout les grandes sociétés de production étrangères qui pâtissent de ces nouvelles habitudes de consommation et qui doivent s’y adapter. Comme le montrent les transferts dans le budget divertissement esquissés dans le rapport, les craintes de voir cette évolution avoir un impact négatif sur la création culturelle suisse sont infondées. »

Communiqué du Conseil Fédéral, 30.11.2011

 Et voilà, c’est dit. Le gouvernement suisse pense en premier lieu aux créateurs t non pas aux distributeurs et aux majors. On rappellera que le fonctionnement actuel du droit d’auteur est en fait un droit aux distributeurs, qui rapporte aux grandes entreprises, mais qui ne permet pas réellement aux artistes de vivre (sauf quelques grosses pointures). Ce communiqué a le mérite de mettre les points sur les « i » et de rappeler quelques évidences que l’on entend bien peu souvent dans la bouche de nos politiques. Du genre :

  • les pirates dépensent de l’argent (et parfois beaucoup) en biens culturels
  • le créateur n’est pas celui qui souffre le plus du téléchargement illégal
  • le paradigme de distribution dans lequel notre économie s’est enfoncée est dépassé

Cela fait plaisir de voir enfin une réflexion posée, cohérente, réaliste et rationnelle. Continuer la lecture de Quand le gouvernement commence à comprendre le web

La censure du net selon les Etats-Unis

Alors  que je vous ai déjà parlé plusieurs fois du fameux et catastrophique ACTA qui s’avance, les élus américains arrivent tranquillement avec une loi qui va plus loin encore et qui, en plus, impacterait internet non seulement chez eux mais dans le monde entier. A l’heure actuelle se discute en effet le projet de loi Stop Online Piracy Act (SOPA). Comme d’habitude avec ce sujet, l’intitulé semble sympathique (après tout, arrêter le piratage c’est pas mauvais sur le fond). Par contre sur la forme (et donc les moyens) donnée au projet de loi, il y a beaucoup à dire. Tellement à dire que pas mal de monde s’y oppose. A commencer par les associations de défense de la liberté d’expression et de la vie privée. Mais aussi les éditeurs de logiciels par exemple. Ou Google menaçant de quitter la chambre américaine du commerce si cette loi venait à passer. Des gens qui d’habitude ne s’entendent pas sur le sujet. Ici presque tout le monde semble contre, à l’exception évidemment des fameux ayant-droits, la RIAA et compagnie.

Mais en quoi consiste le SOPA? En gros, cela permettrait à un ayant-droit constatant une utilisation non approuvée des oeuvres qu’il couve de faire bloquer sans procédure judiciaire aucune le site internet incriminé. Allant jusqu’à bloquer tout le site bien entendu, que le contenu incriminé soit réellement illégal ou pas, qu’il provienne d’un contenu généré par les utilisateurs ou par les auteurs du site lui-même. Et tout cela sans que la justice n’ait son mot à dire. L’ayant-droit pourrait obliger le blocage par le FAI, la disparition du site des moteurs de recherche, la fin de tout accord avec les systèmes de paiement type Paypal et la fin de tout contrat de de publicité sur le site en question. Bref, la mort du site. Et en gros la mort d’internet comme espace de liberté d’expression. La fin d’internet tel qu’on le connaît. Tout site à contenu généré par les utilisateurs (de Youtube à Twitter en passant par Facebook et Flickr) pourrait ainsi être victime de ce qu’en font certains utilisateurs.

Et tout ça pourquoi? Au nom d’un système de copyright daté et dépassé, qui n’a pas su s’adapter, et qui n’a rien d’un droit d’auteur ; ce système permettant aux ayant-droits de s’enrichir et privant le public d’un accès à la culture et aux œuvres de l’esprit ne sert en rien les créateurs qui n’en profitent pas réellement.

 

 Crédit photo : SOPA = Less Liberty and more Robo-Justice For All, par DonkeyHotie, licence Creative Commons, sur Flickr

 

Election complémentaire au Conseil d’Etat vaudois

Et bien oui je me devais de me fendre d’un petit billet là-dessus, juste pour vous appeler à voter pour la candidate qui me semble la plus adaptée. Alors je vais faire un rapide tour d’horizon des candidats en lice.

Ted Robert : Le chansonnier bien connu, trublion de toutes les élections, vient encore une fois mettre son grain de sel en espérant glaner quelques centaines de voix comme d’habitude avec ses idées complètement à côté de la plaque. Il en deviendrait presque touchant (je dis bien « presque »).

Emmanuel Gétaz : Candidat surprise du mouvement Vaud Libre qui se veut ni de gauche ni de droite bien au contraire, à la vaudoise donc. Le monsieur a déjà fait parler de lui en politique lors de l’élection à la Municipalité de Montreux. Il a une certaine expérience de la gestion et de l’organisationnel, en particulier dans le domaine culturel. Du coup la masse de boulot doit lui aller. Ce qui manque, c’est comme souvent avec ces mouvements sans réelle orientation politique claire, c’est de savoir ce qu’il veut. Difficile de savoir rapidement à quoi s’en tenir et ce que l’on peut attendre de lui. Une recherche sur le net m’a amené à son programme. Rien de transcendant et un tout finalement très consensuel puisqu’il veut se positionner sur la création de logements accessibles, sur les places en garderie, sur les transports, sur la promotion économique, sur la sortie du nucléaire. Au final un programme qui fait se demander pourquoi il est dans Vaud Libre et surtout ce qu’il apporte et qui n’existait pas déjà. J’ajouterais qu’il manque d’expérience dans un exécutif. Bref, je ne vois rien de véritablement contre lui, si ce n’est qu’il semble juste piquer des idées à tout le monde ; donc rien de spécialement pour non plus.

Pierre-Yves Rappaz : Le candidat UDC se présentant sur ses affiches comme celui qui sait faire un nœud de cravate et regarder dans le vide avec une attitude beauf. Mais c’est surtout la publicité mensongère de sa campagne qui m’énerve : se présenter comme candidat du centre-droit alors que l’UDC est très nettement à droite, c’est un peu gonflé. D’autant que M. Rappaz n’est pas dans les plus modérés-traditionnels des UDC (pas dans la même ligne que son prédécesseur nettement plus consensuel feu M. Mermoud). Sans compter qu’il soutient l’initiative de son parti contre l’immigration massive, initiative qui remettrait en cause le accords de libre circulation et qui est donc combattue par les milieux économiques qui sont eux du centre-droit (pfiouh). Aucune raison donc pour la droite traditionnelle de soutenir ce candidat si ce n’est par peur de perdre une majorité à l’exécutif cantonal. Mais à quel prix?

Béatrice Métraux : On finit avec notre candidate verte, soutenue par le PS  et la gauche de la gauche, syndique de Bottens et pour laquelle je vous invite bien évidemment à voter. Avec elle, les aspects humains, sociaux, et la vision à long terme deviendront des éléments clés du Conseil d’Etat. Avec son élection, ce ne serait pas seulement un renforcement de la gauche mais même un basculement (puisque le Conseil D’Etat est à droite depuis longtemps). Finalement notre société ne s’est pas fondamentalement améliorée avec cette droite au pouvoir, on compte de plus en plus de gens dans le besoin, de problèmes sociaux à tous les niveaux, et un renversement de majorité ne peut qu’être une bonne opportunité. Bien sûr il n’y aura pas de changement radical, il ne s’agira pas de tout envoyer balader, mais plutôt de prendre d’autres priorités et de défendre les gens en premier lieu.

Voilà mon petit tour d’horizon. Mon choix est donc très clair et je ne peux que vous inviter à voter pour Béatrice Métraux, pour donner un nouvel avenir à notre canton et ses habitants.

The Wire – saison 3

Après avoir étudié les bases du fonctionnement du trafic de drogue dans la rue, puis les difficulté du monde ouvrier chez les dockers de Baltimore, The Wire continue sa peinture sociale très dure sur fond d’enquête policière. Cette fois, les auteurs mettent dans leur collimateur les politiques et l’administration. Bien que l’apparence soit du coup plus jolie, plus clinquante, moins sale, le fond se révèle tout aussi trash que précédemment. J’irais même jusqu’à dire que c’est encore plus dur. Finalement, tout le monde est pourri jusqu’à l’os (voir plus) et y’en pas un pour racheter l’autre. Mais bon, c’est ce qu’on aime aussi dans cette série, et on regarde pas the Wire si c’est pour voir du bisounours. Nous allons ici suivre à nouveau les tribulations de l’équipe spéciale autour de McNulty l’emmerdeur de service. Alors que l’on souhaite les mettre sur un nouveau dealer, ils découvrent que Barksdale sort de prison. Tandis que Bell semble se ranger en tant qu’homme d’affaires. Un nouveau venu veut jouer des coudes pour obtenir des coins de rue. N’oublions pas que Omar est toujours là pour foutre la merde, avec son désir de vengeance. Ca c’est pour la dure vie du terrain. Les hautes sphères ne sont pas en reste. Magouilles et coups dans le dos sont légion là aussi. A commencer par les élections au poste de maire qui se profilent et pour lesquelles les prétendants se mettent sur les rangs, avec souvent la sécurité comme cheval de bataille. Et puis il y aussi l’administration, et les travers de la gouvernance par indicateurs et chiffres. Et les pots de vin aussi, les sommes circulant sous le manteau dans le cadre de permis de construire et autres accélérations de travaux et d’autorisations.

Bref, il y a de la matière, on ne va pas s’ennuyer. D’ailleurs cette saison me semble plus dynamique, plus rythmée que les précédentes. Bon, ce n’est toujours pas la série policière grand public où on résout une enquête et demi par épisode avec des gros flingues et des poursuites partout. Simplement une impression d’un truc plus prenant. D’ailleurs on l’a visionnée en moins de temps que les précédentes.

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