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The Social Network

Au fond, l’idée de faire un film sur la création de Facebook, ça peut sentir le truc chiant et pas motivant du tout, surfant sur un effet de mode. Après on se dit qu’avec Fincher aux commandes, ça peut quand même donner quelque chose de bien. Puis il y a les nombreux commentaires ultra-positifs. Alors je me suis lancé et j’ai regardé The Social Network, qui m’a plutôt agréablement surpris. Alors c’est certain que sur le papier, c’est pas folichon tout plein d’action, et en plus on connait la fin. Reste que le film est suffisamment bien foutu pour se révéler très agréable. Je ne connais pas la vérité dans cette histoire, je ne vais pas m’appesantir sur la part de fiction-adaptation et la part de retranscription. Mais y’a du crédible là-dedans.

Le film raconte donc l’ascension du petit génie du codage Mark Zuckerberg qui, suite à un râteau monumental avec une fille, se lance dans du site communautaire un peu misogyne et attire une foule d’étudiants dessus. De fil en aiguille, il va rencontrer des jumeaux plein de fric et avec une bonne idée, leur associé, mais aussi attirer dans son truc son meilleur ami qui investit. Et monter tout d’abord The Facebook (qui deviendra Facebook tout court). D’abord réseau social interne à son université, il va vite s’étendre à d’autres écoles avant de s’affranchir vers le monde. Le film montre la rencontre avec le fondateur de Napster qui va tout changer, les aspects peu sympathiques de Zuckerberg, ses déboires, ses réussites, pour culminer à la fin du procès contre les jumeaux l’accusant d’avoir volé leur idée. Très sympa de voir l’évolution. On peut croire sans problème que Zuckerberg ne voulait au début que du fun, pas de pub, juste pour s’amuser. On peut croire qu’il se révèle un beau salaud par moments. On peut croire que des avocats et hommes d’affaires l’ont aidé à monter le business contre d’anciens amis. On peut croire à cette folle relation avec le gars de Napster. Le tout tient la route. Il y a sûrement une part de fiction pour rendre le tout intéressant sur un écran. Mais globalement c’est assez crédible.

La réalisation du film est bien foutue et permet de donner du rythme à un truc qui, sur le papier, sonne plat et mou. La tension est bien utilisée. Le jeu entre les moments du procès et les flashbacks sur l’histoire de Facebook, ça fonctionne bien. Le tout servi par de belles images et une bande son de qualité. La prestation des acteurs est un grand plus aussi. Dans la peau de Zuckerberg pas très social mais génie du codage, Jesse Eisenberg est parfait. Justin Timberlake nous démontre qu’il devrait juste arrêter la musique pour se concentrer sur le cinéma parce qu’il tient vraiment bien la route. A côté de ces deux-là, les autres font un peu plus pâle figure mais s’en sortent très bien quand même.

Au final, The Social Network est un bon film. Intéressant, prenant. Une curiosité à voir.

Revue de web – S01E01

Comme signalé dans mon billet de fin d’année, je vais essayer de faire une petite revue de web hebdomadaire de trucs qui m’ont marqué pour différentes raisons sans qu’il n’y ait à chaque fois un billet complet les concernant. Premier essai donc avec cette première semaine de l’année. On va donc parler de politique et de culture geek,  entre autres.

Politique

Le quotidien 24Heures nous annonce que le ministre en charge de l’armée ne s’inquiète pas du sondage récent selon lequel deux tiers des Suisses se seraient pas d’accord avec l’achat de ses nouveaux joujoux avions de combat. 82% de la population serait opposés à ce que cet achat se fasse au détriment des budgets d’autres départements qui pourraient ainsi en pâtir. J’avais déjà donné mon avis là-dessus et je ne vais pas y revenir. Mais je trouve notre cher Monsieur Maurer un brin arrogant face à la volonté populaire ; en même l’arrogance est devenue la marque de fabrique de son parti, non? Continuer la lecture de Revue de web – S01E01

Bloquer l’ACTA en Suisse : signez la pétition

Voilà, on y arrive. Après des années de négociations en secret et de décisions prises loin de tout processus démocratique, l’ACTA (Anti-Couterfeiting Trade Agreement) entre dans sa phase finale, celle de sa signature. Je ne vais pas redétailler ce qu’est l’ACTA ; je vous propose de (re)lire ce billet ou celui-ci. Je vous recolle juste cette petite vidéo que j’avais déjà postée et qui explique assez clairement les choses (en sachant que ceci s’étend au domaine pharmaceutique par exemple et à toute méthode de distribution des idées et des créations) :

Et puis une autre pour la route, plus récente :

Certains pays sont déjà passés à la casserole, d’autres parmi ceux ayant participé aux négociations sont sur le point de le faire. La Suisse fait partie de ceux-la. Je me suis renseigné sur la procédure exacte d’approbation de l’ACTA dans notre beau pays. Et la réponse de l’Institut Fédéral de la Propriété Intellectuelle est la suivante :

La décision quant à la signature de l’accord ACTA par la Suisse ressort de la compétence du Conseil Fédéral. Une fois signé, l’accord sera ensuite soumis au parlement pour approbation. Vu que les procédures relatives à la signature sont en cours, il serait prématuré de se prononcer sur leur issue à ce stade. Par ailleurs, l’accord ACTA est compatible avec le droit suisse en vigueur, son entrée en force ne nécessiterait donc aucune modification législative.
Le Parlement devra donc se prononcer. À cet effet, j’ai très envie de signaler à nos parlementaires ce qu’est l’ACTA ainsi que ses conséquences désastreuses. Pour ce faire, je vous propose une pétition en ligne que vous trouverez à cette adresse. Signez-la svp. Faites-la signer. Parlez-en autour de vous.
Un point quand même qui fait peur, et je re-cite : « l’accord ACTA est compatible avec le droit suisse en vigueur »… cela semble signifier que notre législation foule au pied la liberté d’expression et le droit à la vie privée tout en faisant tout son possible pour soutenir les ayants-droits et autres grands distributeurs au profits des créateurs. Il y a encore du boulot à ce niveau-là, semble-t-il.

Quand le gouvernement commence à comprendre le web

Pour une fois que nos autorités ne sortent pas une connerie énorme au sujet du web, il est de bon ton de le signaler. Parce qu’on en a vu récemment des énormités. Utilisation de logiciels espions, volonté de rendre les FAI responsables et d’en faire une police du net, participation à l’ACTA, etc. Autant de points sur lesquels nos dirigeants ont montré leur manque de compréhension du monde de l’internet. Mais là, bravo. En réponse à un postulat du Conseil des Etats demandant de se pencher sur la législation protégeant le droit d’auteur, le Conseil Fédéral a répondu qu’il ne servait juste à rien de légiférer, que le droit actuel convenait. Le plus intéressant sans l’histoire, ce sont les arguments mis en avant :

« Le rapport brosse un tableau de la situation actuelle. Les enquêtes existantes permettent de conclure que jusqu’à un tiers des plus de 15 ans en Suisse téléchargent gratuitement de la musique, des films et des jeux. Il semble également que la majorité des internautes ne sait pas quelles offres sont légales et lesquelles ne le sont pas malgré les nombreux articles parus dans les médias et les campagnes d’information.

La part du revenu disponible dépensée par les consommateurs et consommatrices dans ce domaine reste stable. On observe cependant des transferts au sein de ce budget. Ainsi, les utilisateurs et utilisatrices de sites de partage continuent d’investir dans le secteur du divertissement les économies qu’ils réalisent en téléchargeant des contenus sur Internet, mais au lieu d’acheter des CD et des DVD, ils s’offrent des billets de concert et de cinéma et des produits de merchandising.

Ce sont surtout les grandes sociétés de production étrangères qui pâtissent de ces nouvelles habitudes de consommation et qui doivent s’y adapter. Comme le montrent les transferts dans le budget divertissement esquissés dans le rapport, les craintes de voir cette évolution avoir un impact négatif sur la création culturelle suisse sont infondées. »

Communiqué du Conseil Fédéral, 30.11.2011

 Et voilà, c’est dit. Le gouvernement suisse pense en premier lieu aux créateurs t non pas aux distributeurs et aux majors. On rappellera que le fonctionnement actuel du droit d’auteur est en fait un droit aux distributeurs, qui rapporte aux grandes entreprises, mais qui ne permet pas réellement aux artistes de vivre (sauf quelques grosses pointures). Ce communiqué a le mérite de mettre les points sur les « i » et de rappeler quelques évidences que l’on entend bien peu souvent dans la bouche de nos politiques. Du genre :

  • les pirates dépensent de l’argent (et parfois beaucoup) en biens culturels
  • le créateur n’est pas celui qui souffre le plus du téléchargement illégal
  • le paradigme de distribution dans lequel notre économie s’est enfoncée est dépassé

Cela fait plaisir de voir enfin une réflexion posée, cohérente, réaliste et rationnelle. Continuer la lecture de Quand le gouvernement commence à comprendre le web